lundi 3 octobre 2011

Les heures creuses

Tension vers la poésie, s’enfoncer dans le paysage, avec des textes courts, passerelles entre peinture et promenade. Sensations sur les saisons, le temps qui passe, le travail des jours et des nuits, la marche dans la campagne, la création, la pensée. Écrire ensuite une lettre pour un ami et lui raconter ce que l’on vient de vivre, ces heures creuses

« La nuit tombe, les noirs sont bleus. Ils convient l’œil appliqué ; toutes sortes de formes-qu’elles soient pierre, arbre ou chien.
Par-dessus la terre bleue des champs chauves, des ailes claquent entre les branches, un corbeau seul s’en va. Son cri creuse l’espace d’un sillon sonore. S’enfoncer dans l’obscurité donne plutôt que marcher l’impression d’une nage. »

Ces phrases descriptives presque contemplatives sont tirées des Heures creuses de Véronique Gentil publiées chez Pierre Maynard éditeur.

« Véronique Gentil, écrit Dominique Aussenac, peintre, nous entraîne sur ses terres de la Vienne, traversées par la Charente. Les paysages se fondent en un mystérieux précipité, victimes d’un étrange et sensuel corps à corps. L’œil les réduit, la main les apaise, le pied les distend. Quelque chose de métabolique s’opère, d’atemporel. " Dans mes heures creuses les choses se font et se défont. Elles ne sont pas un vide à remplir, elles sont au contraire pleines d’une substance à démêler, à me rendre mobile. »






















Vue du lieux le bois des bancs
. Auteur : Jean-Pierre
Crespin


Extraits :


« Le jour commence et je m’éveille, encore détachée de l’énervement et du combat des hommes. indifférente à la réflexion qui sépare de tout. J’écoute les rumeurs discrètes des oiseaux assourdies par les volets fermés. certains matins d’hiver, tous les bruits sont pâles dans l’air humide. ma chienne s’ébroue chaque jour à la même heure, mais ignore la durée.
Le réveil est une opposition entre une reconnaissance immédiate et un état d’incertitude. c’est pourquoi certains matins me contrarient.
Un souvenir unique et obsédant étouffe mon cœur. »

« Quand le rêve ne vient même plus en renfort et qu’il reste une terre vide et asséchée et aride il faut quand même dire oui (accorder une valeur à la vie n’est peut-être rien d’autre qu’un instinct). C’est sur cette terre-là que je vis et à cette terre-là que je puise.
Dans mes heures creuses les choses se font et se défont. Elles ne sont pas un vide à remplir d’une substance à démêler, à me rendre mobile. »

Les heures creuses, Véronique Gentil, Pierre Mainard, 2007.

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